Type-o-file – boîte de spécimens typographiques, Cooper & Beatty, Allan Fleming, 1957

En 1957, après trente ans d’usage, Cooper & Beatty remplace son spécimen typographique de 1927 par un objet entièrement nouveau : le Type-o-file imaginé par Allan Fleming, une boîte à couvercle rabattable, d’apparence modeste, renfermant six livrets fins, codés par couleur. À une époque où les catalogues de polices prenaient la forme de lourds volumes difficilement manipulables, cette solution compacte et élégante tenait sur un bureau, prenait moins de place qu’un téléphone, et offrait une expérience d’utilisation véritablement agréable.

L’innovation de Fleming ne tenait pas qu’à la commodité : elle relevait d’une recherche de clarté. Chaque livret portait sur une famille typographique précise, permettant aux directeurs artistiques et aux designers de trouver rapidement ce qu’ils cherchaient, sans avoir à feuilleter des centaines de pages non pertinentes. Les spécimens étaient organisés avec rigueur et sobriété graphique, chaque page révélant le sens aigu de l’équilibre spatial propre à Fleming. Ce n’était pas simplement un outil, c’était une affirmation implicite : un bon design peut être à la fois fonctionnel et raffiné.

Le Type-o-file connaît un succès immédiat. Distribué gratuitement aux clients de Cooper & Beatty, il est vite en rupture de stock, et des exemplaires commencent à circuler bien au-delà des frontières canadiennes. Pour la première fois, un spécimen typographique cesse d’être un simple catalogue pour devenir un objet de désir.

Les autres maisons de composition torontoises prennent note. Mono Lino réplique avec une boîte en bois plus massive, contenant huit classeurs à anneaux en vinyle, tandis que Howarth & Smith lance le Graphic-Pak, une mallette métallique remplie de fiches typographiques imprimées individuellement. Utiles, certes, mais ni l’une ni l’autre n’égale la simplicité, la portabilité ni le charme du Type-o-file original. – Rod McDonald